Si un jour un Etat palestinien voit le jour, il sera composé des deux territoires conquis en 1967 par Israël : Gaza et la Cisjordanie. Sauf à rebattre les cartes au niveau de la région toute entière, il n’existe pas d’alternative. Cette évidence a été vérifiée lors des dernières négociations de paix israélo-palestiniennes.
La question des frontières (à l’exception du tracé à Jérusalem) a toujours été la piste la plus prometteuse pour un accord puisque le principe des échanges de territoires est accepté par les deux parties pour compenser l’annexion par Israël des colonies les plus importantes. La majorité de celles-ci est située à proximité de la Ligne verte en vigueur entre 1949 et 1967, après l’armistice qui sanctionna la première guerre israélo-arabe.
Une étude passionnante du James Baker III Institute for Public Policy passait en 2010 en revue différents scénarios, à partir des positions de départ israélienne et palestinienne, pour des annexions (impliquant cependant au final les évacuations de 100 000 à 120 000 colons israéliens de Cisjordanie.)
Dans ces conditions, pourquoi M. Nétanyahou a-t-il réagi aussi négativement à la prise de position américaine, alors que les Palestiniens observent une retenue prudente ? Plusieurs pistes peuvent l’expliquer :
Parce que les chiffres évoqués quatre lignes plus haut feraient exploser la coalition qu’il dirige, et obligeraient M. Nétanyahou à composer avec le parti centriste Kadima après le départ de son aile droite pour espérer rester au pouvoir.
Parce que les concessions palestiniennes demandées dans le même temps, comme la démilitarisation de leur Etat, sont d’ores et déjà acquises, et que les formules de M. Obama , jeudi, excluent le maintien du contrôle israélien sur la vallée du Jourdain qu’exige Israël (et que M. Nétanyahou a encore rappelé à la Knesset).
Parce que les questions de Jérusalem et des réfugiés sont déconnectées de celle des frontières, ce qui permet de deviner un marchandage ensuite entre le partage de Jérusalem -que refuse Israël- et la renonciation à “un droit au retour” en Israël des réfugiés palestiniens de 1948 -que revendiquent les Palestiniens.
Parce qu’enfin la ligne d’armistice de 1949 vaut aussi pour le conflit avec la Syrie.
En 2004, l’un des prédecesseur de M. Nétanyahou, Ariel Sharon, avait enregistré une victoire auprès de l’administration américaine en obtenant pour le prix de son retrait unilatéral de Gaza une lettre du prédécesseur de M. Obama, George Bush, jugeant “irréaliste” le principe d’un retour complet à la Ligne verte de 1967 (ce que les négociateurs palestiniens ne demandent plus). M. Obama avait toujours refusé d’endosser cet échange de missives. Il a renvoyé la lettre de M. Bush au département des archives, jeudi 19 mai.